Photo : bougie de massage

«Venez fabriquer votre propre bougie de massage !». Du 13 au 16 juillet, le festival parisien Erosphère propose (parmi bien d’autres ateliers sexuels) une initiation à la

Photo : bougie de massage

«Venez fabriquer votre propre bougie de massage !». Du 13 au 16 juillet, le festival parisien Erosphère propose (parmi bien d’autres ateliers sexuels) une initiation à la cire fondue et aux secondes peaux de lubrifiant huileux. Laissez-vous embaumer?

«Le festival des sexualités créatives a été victime de son succès cette année : les tickets sont partis en moins de deux heures.» Eve de Candaulie –auteure de plusieurs livres consacrés aux amours plurielles– se réjouit cependant : il reste des places dans l’atelier qu’elle organise, sur les «bougies de massage DIY». Il reste aussi –dans le Erosphère Off– plusieurs événements gratuits (un Forum, une Erosticauserie), des spectacles cabarets, un vide-grenier kinky et deux ateliers à la carte… «Le programme est en ligne et je vous recommande de réserver dès maintenant» invite Eve, qui décrit ainsi le programme de son atelier : «Vous avez toujours rêvé de jouer avec les bougies quand vous étiez enfant ? Ce rêve peut enfin devenir réalité et SAFE.»

Trempez-la dans l’huile

«Les bougies de massages sont faites avec des ingrédients spécialement prévus pour que la cire soit chaude mais pas brûlante. Eh oui, les bougies à basse température permettent de pouvoir verser le liquide sur le corps de votre partenaire pour servir d’huile de massage sans risque de brûlure. Vous pourrez même mettre votre doigt dans la cire fondue… C’est magique, onctueux et tellement ludique.» Composées de cire de soja (ou d’abeille), de beurre de cacao (ou de karité) et d’huile de coco parfois agrémentée de chocolat blanc, les bougies de massage à basse température présentent l’avantage d’être très hydratantes. La bougie en se liquéfiant coule sur le corps de la personne massée. «On joue à s’enduire, à se découvrir, à se caresser, se lécher», explique Eve qui recommande d’étaler l’huile en un film lubrifiant très fin, appliqué de façon homogène «avec la paume bien à plat sur le corps de son ou sa partenaire». Erotisme de l’embaumement ?

Les saintes plongées dans l’amour

L’imaginaire des statues de cire rôde autour des jeux à la bougie et il flotte comme un parfum mystique autour de ces corps oints. Se faire enduire, c’est comme communier dans l’extase avec les belles saintes, mortes en odeur de sainteté. Elles ne pourriront jamais. Toutes les choses plongées dans l’huile, de même, deviennent incorruptibles. Dans Le sang des fleurs, l’anthropologue Gilles Tétart note que le miel et la cire aussi rendent les corps imputrescibles, de même que la propolis, excrétée par les abeilles: «On trouve parfois dans les ruches des petits rongeurs incrustés dans les rayons de cire et dont le corps est enduit d’une fine couche de propolis qui empêche la putréfaction. Si l’on dégage l’animal de son enveloppe, on le trouve entièrement intact et desséché, ce qui n’est pas sans rappeler le procédé de la momification humaine.»

Les abeilles productrices de miel sont sans sexe

En Occident, les abeilles embaumeuses sont d’ailleurs fortement associées à l’image des vierges chastes, préservées de toute souillure symbolique. Celles qui produisent le miel sont stériles de naissance et meurent sans avoir jamais connu de rapport sexué. Mieux : elles ne se posent que sur des choses qui sentent bon. Leur nourriture, parfumée, exclut tout ce qui se corrompt. Dès l’antiquité, les observateurs notent qu’il n’existe aucune matière fécale dans les ruches, comme si leur corps était l’alambic permettant de changer le «sang des fleurs» en substances protectrices. «Le miel est reconnu depuis longtemps comme un antiseptique résorbant la nécrose et concourant à la recomposition tissulaire, vertus que Porphyre n’a pas manqué de rappeler. Le miel qui est “la nourriture des dieux” est “formé de vertus variées, tant celle de purifier que de conserver : grâce au miel beaucoup de choses deviennent incorruptibles et les plaies anciennes sont nettoyées par le miel”.»

Se faire laquer d’huiles et d’aromates

Les bougies de massage partagent avec le miel et la cire ces vertus symboliques : ellesrecouvrent le corps d’un filtre miroitant, qui met le corps comme à distance du monde corrompu. Elles permettent de jouer avec l’idée d’une mort dans l’éternité (1). S’abandonner aux caresses des onguents aromatiques, c’est –de façon plus ou moins consciente– jouer à devenir un «corps de gloire» et s’offrir, par anticipation, le plaisir de renaître dans une peau gorgée de beurre et de miel.

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QUESTIONS A EVE DE CANDAULIE

Après avoir enduit son corps en faisant fondre sur soi une bougie de massage, qu’est-on censé faire ? Dans quel type d’environnement prônez-vous le massage à la bougie ?

On peut utiliser une serviette de bain pour une séance longue avec une exploration intégrale du corps du bout des pieds au sommet du crâne. Mais ce n’est pas obligatoire, par exemple, si l’on joue dans le mouvement. Je préfère envisager les massages comme une danse à deux (ou plusieurs), où la personne qui est massée bouge au gré de ses envies et de la connexion avec la personne qui masse. Les bougies de massage que l’on va fabriquer lors de l’Erosphère off peuvent être utilisées sur les parties génitales externes sans danger. Elles peuvent aussi être une bonne alternatives au wax play (jeu de cire) classique, où l’on dépose goutte à goutte de la bougie sur le corps de son ou sa partenaire. La cire des bougies de massage s’étale ensuite facilement et nourrit la peau grâce à l’huile de coco et le beurre de karité. Et si, vous en faites tomber sur le parquet, ça le nourrira également ! C’est testé et approuvé.

Pour l’Erosphère, nous allons faire un format de bougie facile à utiliser, dans des petites tasses à café avec anse ou des verres à pied à liqueur, dénichés lors de grande Chasse au trésor kinky, organisée le dimanche matin avant l’atelier. C’est vraiment un cercle vertueux.

Après une séance de bougie de massage, peut-on remettre ses vêtements ou faut-il se nettoyer ? Comment fait-on pour enlever tout ce gras (parfois mélangé de cire) qui recouvre le corps ?

Je conseillerai de prendre une douche chaude et de laver son corps au savon. Avec une simple huile d’abricot, vous pourriez remettre vos vêtements, mais effectivement comme il s’agit d’un mélange de cire et d’huile, cela peut être désagréable. Mais, cela dépend de la zone massée, et du ressenti de chacun. Il n’y a pas vraiment de risque non plus à enfiler ses vêtements après, sans passer par la case douche.

Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser aux bougies de massage ?

J’ai fait mon premier cours de cosmétique bio il y a sept ans, et j’ai été stupéfaite par la simplicité des recettes proposées. C’est plus difficile de réussir une tarte tatin que de fabriquer un baume à lèvres. Quand les ingrédients n’impliquent pas l’ajout d’une substance aqueuse, ça se conserve très bien. C’est très safe. Donc, j’ai commencé à fabriquer mes propres pains de massages et bougies de massage. La base est la même, les proportions et la température de fusion des cires est différente. Je trouve ça simple à réaliser en fait et assez peu démocratisé. J’adore l’Erosphère, son ambiance inclusive, et je trouve ça chouette de proposer cette année ce DIY, à la portée de toutes et tous.

Votre parcours semble très marqué par la recherche de bien-être, de soins enveloppants, de caresses. Comment expliquez-vous ce besoin ?

Je suis hédoniste et d’un naturel très curieux. Mon être est un tout : un esprit, un corps, des émotions. J’aime vivre des expériences, me connecter à d’autres personnes de façon authentique. J’ai quand même eu une période de ma vie de femme qui a été un déclic, où j’ai eu envie d’être pleinement connectée à l’énergie en moi : c’est quand j’ai été enceinte. Et depuis, ça m’est resté. J’adore les échanges de massages, le libertinage, le bdsm, le polyamour, la peinture, la photographie, la sculpture, l’écriture, la cosmétique bio, et même le tricot...

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FESTIVAL Erosphère 2019, du 13 au 21 juillet 2019. (Erosphère OFF : du 13 au 16, Erosphère IN : du 18 au 21)

Article sponsorisé par Tatiana

 

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Le sang des fleurs. Une anthropologie de l’abeille et du miel, de Gilles Tétart, Odile Jacob, 2004.

NOTE 1 : Certains Celtes étaient enduits d’hydromel (boisson au miel) ce qui les préservait des insectes nécrophages. Cette forme «d’embaumement au miel» est avérée dans le cas d’une tombe à char dont Juliette Cazes dévoile ici les images, dans une vidéo, passionnante. Juliette Cazes est la créatrice d’une chaîne d’information YouTube intitulée Le Bizarreum dédiée à la mort, aux reliques, aux nécropoles, aux faits divers «creepy», à la thanatopraxie, etc. Juliette a aussi créé un compte sur Twitter et sur Internet

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CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER «MIEL SEXUEL» : «L’érotisme de la cire : un rêve d’éternité ?» ; «Du porno (drôle) pour sauver les abeilles ?» ; «Ouranos et le fantasme de la castration» ; «Contre quoi donnerais-tu ta vie ?» ; «Sainte Rita et le miracle de l’épine».