Le 13 octobre 2017, la journaliste Sandra Muller initiait le mouvement #Balancetonporc, en inspiration au #MeToo de l’outre-Atlantique, qui faisait suite à l’affaire Weinstein.
L’attaque en justice de Sandra Muller ne serait que diffamatoire
Suite, à uune soirée cannoise en 2012, cette journaliste pour la Lettre de l’audiovisuel décernait l’étiquette du premier porc à Eric Brion à cause de ses paroles déplacées : « « tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit » Eric Brion ex-patron d’Equidia #balancetonporc ».
Ces propos jugées diffamatoires par le principal intéressé, Eric Brion, le poussa à poursuivre en justice Sandra Muller. Il reconnaît avoir prononcé ces paroles à l’encontre de la journaliste, sous l’emprise de l’alcool, il s’était empressé de s’excuser le matin même, de sa grossièreté. Mais les termes que portent l’accusatrice lui attribuait le rôle d’harceleur au travail : « Or, je n’ai jamais travaillé avec Sandra Muller. Je n’ai jamais été son collaborateur ou son supérieur hiérarchique, comme j’ai pu le lire ici ou là… » rapportait le plaignant, selon la retranscription dans le livre #chassealhomme écrit par Neandertal, relayé par agoravox. Dans le même extrait, il est écrit : « le jugement est clair et sévère : « Dans la mesure où Sandra MULLER n’écrit pas qu’Eric BRION était son supérieur hiérarchique (…) et où il est notoire que Sandra MULLER est une journaliste indépendante, l’imputation pour ce tweet n’est pas celle d’un harcèlement sexuel au travail au sens de l’article L1153 du code du travail ». Le tribunal note aussi l’absence de preuve de répétition induite par la notion de « harcèlement ». »
Si le tribunal lui donnait enfin la parole, elle lui fut retirée devant l’ampleur virale suite à la publication de ce tweet litigieux, qui le plongea dans une « mort sociale ». En deux années, il perdit sa compagne, son travail et tomba en dépression. Cet homme accusé se dit maintenant être « soulagé et ému » face au verdict rendu après ce procès, qui s’est tenu le 29 mai : Francis Szpiner annonce que le tribunal correctionnel de Paris retient la charge « diffamation » et condamne sa cliente à 15 000 euros de dommages et intérêts au plaignant, Eric Brion, au titre du préjudice moral, et à verser 5 000 euros au titre des frais de justice. « C’est la décision de la vraie justice, contre le tribunal des réseaux sociaux » ajoute-t-il.
Sandra Muller révèle qu’elle fera appel de cette décision prise par le tribunal correctionnel.
Des dénonciations qui pourraient être davantage prises en compte ?
#Balancetonporc prône la libération de la parole des femmes face aux harcèlements sexuels que la moitié des femmes subissent parmi 86% des Françaises (étude menée par l’Ifop pour la fondation Jean Jaurès), en plus des injures sexistes, gestes grossiers, filatures et tout autre forme d’atteinte ou d’agression sexuelle.
Christophe Soullez, chef de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, rapportait à l’OBS : « on estime que le taux de plaintes concernant les violences sexuelles représente 10% des actes commis. Ce qui veut dire que 9 personnes sur 10 ne déposent pas plainte…« . La force des mouvements de #BalanceTonPorc et de #MeToo a permis une nette hausse (de 31,5%) de ces plaintes, qui montre que les femmes franchissent de plus en plus le cap de la dénonciation. Les avocats d’Eric Brion reconnaissent que « oui, #balancetonporc est un phénomène superbe, mais à côté de ça, il y a eu de la calomnie, de la rumeur ».
Le manque de preuve expliquerait que de nombreuses plaintes soient classées sans suite, un nombre qui s’élève à 93 %, selon le Parisien. Certaines victimes sont parfois accablées de reproches ou leurs paroles sont remises en doute. Sandra Muller garde tout de même l’envie de pousser les femmes à parler : « cette décision n’enlève rien au fait que la parole des femmes s’est libérée, vous devez continuer à parler, vous devez continuer à dénoncer ces comportements répréhensibles, quels qu’ils soient, la peur ne doit pas gagner, elle doit changer de camp et je continuerai à me battre sur cette question. »
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