Image du film "Our wife" (1941), de John Stahl, avec Melvyn Douglas et Lillian day

Surnommé «commissaire polisson», Jean Feixas est un archiviste d'objets déviants, de perles curieuses. Son ouvrage sur l’histoire

Image du film "Our wife" (1941), de John Stahl, avec Melvyn Douglas et Lillian day

Surnommé «commissaire polisson», Jean Feixas est un archiviste d'objets déviants, de perles curieuses. Son ouvrage sur l’histoire de la fessée vient d’être réédité en couleur, riche de 140 illustrations rares issues de ses collections personnelles.

Il a écrit sur l’histoire du pêt, de l’embonpoint, de la scatologie et de la prostitution de rue, ainsi que trois ouvrages avec Emmanuel Pierrat : l’histoire de la pilosité féminine (Les petits cheveux) puis masculine (Barbes et moustaches) ainsi qu’un «lexique littéraire et poétique» du sexe masculin. Plus que flic, Jean Feixas est avant tout un collectionneur de documents bizarres. Son parcours professionnel reflète bien le truculence du personnage : il aurait été successivement avocat au barreau de Toulouse, dessinateur de presse (Elle, Paris Match, Le Figaro…) et «super poulet». L’expertiseur Arnaud Thomasson, spécialiste des erotica, dit de lui que la Police «fut en quelque sorte son hobby». Il aurait d’ailleurs fait le tour de ses curiosités principales : Jean Feixas travaille dix ans dans la Police judiciaire (PJ), sept ans à la Police des jeux clandestins, quatre ans au contre-espionnage (dans la DST). Quand il prend sa retraite, il est alors commissaire à la brigade des moeurs… et à la tête de collections dont il lui faut parfois se défaire pour pouvoir en commencer d’autres. En novembre 2007, il vend à Drouot 140 oeuvres et accessoires liés à la prostitution. En 2010, il publie un ouvrage sur l’Histoire de la fessée qui contient 140 images (gravures, photos, peintures, affiches, etc) d’une autre de ses collections dédiée aux châtiments corporels.

Qui aime bien, châtie bien ?

Lorsque le livre est publié, Le Monde en fait une chronique enthousiaste : «cet ouvrage retrace d’une plume badine autant qu’érudite les heurs et malheurs de cette tape sur le derrière», résume la chroniqueuse Macha Séry (15 déc. 2010) qui salue un travail «singulier». Hélas, moins de quatre ans plus tard l’éditeur fait faillite. L’ouvrage de Jean Feixas, rapidement épuisé, atteint les 60 euros sur le marché de l’occasion. Il était temps de le rééditer. Les éditions La Musardine s’en charge, dans une version entièrement remaniée : format Beau Livre, images en couleur et texte réactualisé. L’histoire de la fessée fait son bain de jouvence, offrant la chance aux curieux-ses d’en savoir plus sur un sujet pratiquement vierge. A part Jean-Luc Hennig (Brève histoire des fesses, éd. Zulma, 2009) et Sébastien Hubier (Douces fessées, plaisantes caresses, éd. Le Murmure, 2012), aucun chercheur n’a exploré l’histoire de la fessée. Les seuls ouvrages disponibles sont l’Anthologie de la fessée et de la flagellation d’Alexandre Dupouy (La Musardine, 1998) qui compile des textes érotiques, l’Eloge de la fessée, de Jacques Serguine (Folio, 1976), mi-essai mi-fiction, et des recherches sur l’esthétique SM comme le magnifiquePensionnats Sadiquesde Antonio Dominguez Leiva, (éd. Le Murmure, 2014).

Une «initiation» aux usages de la fessée

L’ouvrage de Jean Feixas est donc indispensable pour qui souhaite parcourir la fresque des punitions culières. Bien qu’il s’agisse d’un livre léger –compilation d’anecdotes plus ou moins rares, présentées de façon superficielle et non sourcées–, il est très agréable à lire et joue le rôle de mise en bouche pour des recherches plus approfondies. Vu l’étendue du sujet (la fessée en Occident, des origines à nos jours), il aurait été difficile d’être vraiment pointu. Jean Feixas joue donc les initiateurs, d’un ton volontairement désinvolte. Les chapitres couvrent toute une gamme de pratiques : fessée scolaire, fessée licencieuse, fessée religieuse, fessée médicale, fessée publique, fessée symbolique… On y apprend que les fessées des Lupercales donnèrent naissance à la Saint Valentin. Que Montaigne s’opposait à l’usage des fessées disciplinaireset que celles-ci «connurent leur plein emploi dans les collèges quatre siècles durant, du XVe au XVIIIe siècle. Les règlements étaient particulièrement sévères dans tous les établissements scolaires qui étaient alors tenus par des religieux. C’est au réfectoire, là où il y avait en général l’assistance la plus nombreuse, que les punitions étaient infligées, après les repas.» Les fessées étaient administrées par un «garçon des champs» qui avait pension gratuite en échange de ses services. Dans les collèges de Jésuite, en revanche il y avait un «frère fesseur».

«Il y a du vice partout»

On y apprend surtout que l’usage du martinet sévit dans la France de l’après-guerre. Inventé au XVIIe siècle par un tacticien militaire nommé Martinet (qui fut aussi l’inventeur de la baïonnette) afin de maintenir «l’ordre dans les troupes», le martinet se répand dans les familles. En 1961, une droguerie de la rue Montmartre en cède «cent cinquante par an. La proximité de rues chaudes y était-elle pour quelque chose ? On ne sait pas. […]En 1962, une autre enquête révélait que 200 000 familles en France étaient équipées d’un martinet.» Mais était-ce vraiment pour punir les enfants ? Jean Feixas se moque : «En 1995, une exploitante de bazar déclarait que c’était à Noël qu’elle en vendait le plus.» Il est peu probable que les enfants aient pu en demander comme cadeau !? Un pan du mystère est levé en 1996 : Suzanne Marache, entrepreneuse en martinets à Fétigny dans le Morvan et détentrice du «monopole féroce» déclare, dans France Soir, en vendre mille jour. Colossal ! «Si certains en veulent de spéciaux, ils viennent me voir avec le modèle et je leur fais. Ça ne me dérange pas ! De toutes façons, c’est toujours la même utilisation, c’est pour le derrière. Alors, je peux en faire des noirs, avec de longues lanières, des nattés… Il y a du vice partout.»

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Article sponsorisé par Tatiana

 

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Histoire de la fessée, de Jean Feixas, éd. La Musardine, livre broché, sortie le 19 sept 2019.

POUR EN SAVOIR PLUS :

«Histoire de fesses»

«Je t’ai dans la fesse»