Doit-on arrêter le sexe pendant la grossesse ? Faire l’amour enceinte est-il dangereux pour la santé de celle qui porte l’enfant et pour l’enfant lui-même ? A-t-on d’ailleurs encore envie
Doit-on arrêter le sexe pendant la grossesse ? Faire l’amour enceinte est-il dangereux pour la santé de celle qui porte l’enfant et pour l’enfant lui-même ? A-t-on d’ailleurs encore envie de faire l’amour quand on est enceinte ? Voici des questions qu’on peut se poser, qu’on soit déjà enceinte, qu’on souhaite le devenir, qu’on soit l’autre parent qui n’accouche pas, ou même par curiosité quand on souhaite définitivement rester nullipare. Voici quelques infos à savoir sur le sexe quand on est enceinte et le témoignage de Chloé, femme trentenaire et mère de deux enfants.
Ne craignez pas le sexe pendant la grossesse…
Le sexe n’est pas contre-indiqué quand on est enceinte et d’un point de vue médical, ce n’est pas un problème de poursuivre une activité sexuelle durant toute la grossesse, comme le rappelle le site Passeport Santé. La libido peut d’ailleurs faire les montagnes russes durant toute la période, en fonction du terme de la grossesse, d’éventuels problèmes médicaux, mais aussi du couple et sachez qu’il n’y a pas de sexualité plus “normale” qu’une autre durant cette période (comme à toutes les périodes de la vie, s’il est besoin de le rappeler) ! Cependant, le premier trimestre serait généralement synonyme de baisse du désir et le second trimestre plus propice aux relations sexuelles, comme ce fut le cas pour Chloé :
“Les 3 premiers mois, trop d’aigreurs d’estomac et de nausées pour avoir réellement conscience d’une envie de sexe. Par la suite la libido était modifiée, plus puissante et impérieuse, avec des envies subites, des délires érotiques, il aurait fallu de sérieux blocages psychologiques pour m’arrêter”.
Chloé ajoute par ailleurs qu’“au second semestre de grossesse, le taux d’hormones atteint des sommets et les inconforts du début de grossesse ont disparu. C’est juste la folie.”
Le troisième trimestre peut être assez mitigé et compliqué, car le ventre prend plus de place, il y a plus d’inconfort, la peur du risque de prématurité à l’approche de la fin et le bébé commence à se manifester. Cependant, il n’est absolument pas déconseillé de continuer de faire l’amour jusqu’au dernier jour de la grossesse comme le rappelle le site Parents.
Mais n’oubliez pas qu’il n’y a pas de règle et que plusieurs facteurs peuvent influencer sur votre libido tout au long de cette période, comme votre état psychique, la relation que vous avez avec votre partenaire, votre façon de vous sentir dans ce corps qui change, votre santé etc.
… à moins d’avoir reçu des contre-indications médicales
Plutôt que de céder au sentiment de tabou et se restreindre par fausses croyances (les spécialistes sont catégoriques, un rapport sexuel ne peut pas provoquer de fausse couche !), il ne faut pas hésiter à interroger son/sa gynécologue ou sage-femme pour savoir si faire l’amour peut être un risque pour vous ou l’enfant. En effet, il y a des situations spécifiques dans lesquelles le sexe peut être contre-indiqué, comme la poussée d’herpès, une fissure de la poche des eaux ou encore en cas de menace d’accouchement prématuré, car l’orgasme peut entraîner des contractions. De plus, chaque grossesse est différente, donc ce qui valait pour l’une ne vaut pas forcément pour l’autre. Dans le cas de Chloé, la deuxième grossesse aura été plus compliquée niveau santé et aura nécessité une sexualité moins active,”nous avons été plus prudents que pour la première sur ce point, du fait de mes inconforts et avons eu moins de rapports pénétrants, aucun dans les trois derniers mois”, tandis que la première grossesse était très intense sexuellement, “j’étais beaucoup plus cash sexuellement, moins sensuelle, moins intériorisée, j’ai pris moins de précaution que pour ma seconde grossesse, nous avons eu des rapports jusque très tard”.
Un plaisir qui peut être décuplé durant la grossesse
Chacune ses expériences, mais il est important de savoir qu’être enceinte ne signifie pas obligatoirement 9 mois d’abstinence et de perte de désir. Pour certaines femmes, c’est même une période où le plaisir est plus fort que jamais. Pour Chloé, il n’y a pas de doutes, la sexualité pendant la grossesse est une expérience à vivre :
“Sans vouloir être condescendante, on ne connaît pas le sexe quand on n’a pas connu le sexe durant le second semestre d’une grossesse. C’est un plaisir décuplé, multiplié par dix, orgasmes multiples à chaque rapport, plus puissants !”
Cette période aura même été pour elle l’occasion de découvrir de nouveaux aspects de sa sexualité et un désir encore plus avide : “j’ai connu des éjaculations féminines à se demander si je n’avais pas perdu les eaux. Aucun inconfort possible tellement le corps est inondé d’hormones. Je me souviens de m’être dit qu’il fallait que j’arrête un peu parce que c’était tellement fort que j’en avais mal à la tête.”
L’afflux de testostérone (hormone du désir) provoque en effet des sensations vaginales plus intenses et les futures mères ont souvent une sensibilité de peau et du clitoris plus fortes, ce qui peut les amener à vivre des orgasmes intenses et multiples.
En termes de fantasmes, il est dit que certaines femmes ont plus de rêves érotiques quand elles sont enceintes, notamment du fait des bouleversements hormonaux. Pour Chloé, les envies et fantasmes ont été les mêmes tout au long de la grossesse, mais selon les circonstances, l’absence ou présence du partenaire, au second semestre elle a noté une “envie quotidienne de masturbation“. Il est effectivement important quand on parle de sexualité durant la grossesse (et en général) de ne pas oublier que le sexe n’est pas juste un acte phallocentrique, axé sur la pénétration du pénis dans le vagin. La sexualité est un tout, dont la masturbation solo fait partie, ainsi que les caresses ou les rapports oraux. Osez explorer toutes les possibilités !
Communiquer sur ses désirs est important pour l’équilibre du couple
Dans le cas de relations hétérosexuelles cis-genrées, l’homme aussi peut être sujet à des doutes et difficultés sur son désir face à la grossesse de sa partenaire. Cela n’est pas forcément évident de comprendre comment réagir devant les montagnes russes de la libido de la femme et certains peuvent aussi se sentir bloqués (renvoi à leur propre lien avec la mère, malaise du sentiment d’inceste, peur de blesser le bébé). Même si le bébé est bien protégé dans le sac amniotique et ne peut donc pas être dérangé par un acte sexuel, sa présence peut affecter la libido de certains hommes et du couple en général. Cependant, il y a aussi des hommes qui ne sont pas du tout gênés par la situation, comme le mari de Chloé. “Les seules réticences ont été dues à mes périodes d’inconfort, et nos doutes sur la fin de grossesse, à ne pas vouloir induire un accouchement précoce à cause des rapports. Alors que finalement moi je n’aime pas du tout avoir un gros ventre, lui ça ne lui pose pas de problème”, témoigne Chloé. Saviez-vous par ailleurs que certains hommes ont un fétichisme particulier pour les femmes enceintes, appelé maïeusophilie ? Il est donc erroné de penser qu’être enceinte fait disparaître votre sex-appeal et que vous devriez forcément jeter aux oubliettes la sexualité !
Quelle que soit la situation de votre couple en matière de sexe pendant la grossesse, il ne faut manquer de suivre le principe numéro 3 de mes conseils pour une relation amoureuse durable : communiquer ! C’est une des pires idées dans un couple de vouloir conserver ses frustrations pour soi, de préférer ne pas affronter l’autre et lui dire ce qu’on ressent. Dans un moment de vie qui bouleverse la relation de couple, c’est d’autant plus essentiel de se parler, de partager ses envies, ses craintes, ses désirs, d’être à l’écoute l’un de l’autre. Cela permettra de gérer au mieux cette nouvelle phase de vie et de ne pas perdre la connexion intime et charnelle entre vous. Si aucun de vous ne souhaite faire l’amour durant cette période et que cela vous convient, c’est un choix qui vous appartient, il faut avant tout tenter le plus possible d’être en harmonie avec vous-même et l’autre. Etre à l’aise dans sa sexualité de femme enceinte permet aussi de continuer de se sentir bien dans sa peau, désirante et désirable.
Lors de l’orgasme, nous sécrétons tous.tes une hormone appelée ocytocine, vue aussi comme hormone de l’affection. Prendre du plaisir sexuel a pour effet d’améliorer le bien-être et de détendre, ce qui est bienvenu quand on est enceinte et transmet des bonnes énergies au fœtus également. Et pour Chloé, la sexualité a-t-elle eu un impact positif physique sur sa santé physique et psychologique ? “Quand on prend du plaisir ç’a forcément un effet positif sur la santé. Ça n’a pas non plus un effet thérapeutique durable, ça ne va pas enlever par magie les aigreurs d’estomac, ni effacer une angoisse.”
Restez donc à l’écoute de votre corps, ne luttez pas contre le désir sexuel que vous pouvez ressentir et sachez continuer de préserver l’intimité entre vous et votre partenaire, autant que vous le pouvez. Etre enceinte ne vous retire pas votre sexualité et le sexe pendant la grossesse ne doit pas être un tabou, mais un sujet qu’il faut oser aborder avec ses référents médicaux et avec son partenaire. Ce nouveau corps demande des ajustements, d’imaginer de nouvelles positions, mais c’est aussi ce besoin de réinvention, d’adaptation de la relation érotique de couple qui peut renforcer le lien du couple et préserver un épanouissement à deux.