Depuis que la sortie du livre était annoncée, il y a quelques semaines, la tempête médiatique était prévisible, et le scandale moral également.
Comment imaginer qu’il en soit autrement ? Pourquoi cela n’a-t-il pas eu lieu avant d’ailleurs, alors que tout le monde était au courant des perversions de Gabriel Matzneff ? Car il ne les cachait pas, pire il les étalait au grand jour au travers de bon nombre de ses livres, avait été de nombreuses fois interviewé à ce sujet sans que cela ne fasse ciller personne ou presque.
Son goût assumé pour les mineurs, il le portait comme un croisé aurait porté une bannière. Mais voilà, l’une de ses anciennes victimes, Vanessa Springora a décidé aujourd’hui – 40 ans après les faits – de s’exprimer au travers un livre « Le Consentement ».
Devant le tollé déclenché il y a quelques jours certains nous explique que c’était alors une autre époque que nous ne saurions juger à l’aulne des valeurs d’aujourd’hui. Ah bon ? Parce qu’il y 30 ou 40 ans, les relations sexuelles d’un adulte avec un enfant étaient autorisées ? C’est du moins ce que pareille assertion laisse supposer.
La loi sur la corruption de mineur (que l’on nomme aujourd’hui pédophilie) date quand même du XIXème siècle ! Et si l’âge de la majorité sexuelle est passé depuis de 11 à 15 ans, la loi était applicable dans les années 70 comme elle l’est encore aujourd’hui ! Alors que l’on ne vienne pas nous dire que ce dont se vante Matzneff dans ses livres et ce que dénonce Vanessa Springora n’était pas répréhensible !
C’étaient des crimes passibles de lourdes peines et aucun talent littéraire n’aurait du pouvoir en protéger l’auteur. Ne pas le reconnaître relève de la pire hypocrisie, voire de la complicité plus ou moins passive.
Lorsqu’en 2013 Matzneff reçut le prix Renaudot, quelques voix s’élevèrent pour réclamer qu’il lui soit retiré. Il s’était alors exprimé ainsi :
«Juger un livre, un tableau, une sculpture, un film non sur sa beauté, sa force d’expression, mais sur sa moralité ou sa prétendue immoralité est déjà une spectaculaire connerie, nos amis italiens diraient una stronzata megagalattica, mais avoir en outre l’idée malsaine de rédiger ou de signer une pétition s’indignant du bel accueil que des gens de goût font à cette œuvre, une pétition dont l’unique but est de faire du tort à l’écrivain, au peintre, au sculpteur, au cinéaste, est une pure dégueulasserie.»
(Pour rappel, cet homme qui emploie les mots «idée malsaine» et «dégueulasserie», c’est le même qui écrit: «Les petits garçons de onze ou douze ans que je mets ici dans mon lit sont un piment rare.») – Source : http://www.slate.fr/culture/80167/matzneff
Certains grands médias parlent aujourd’hui de Vanessa Springora comme de la « compagne », de « l’amante » de Metzneff… Mais bordel, elle avait 14 ans ! C’était une gamine entre les mains d’un prédateur, d’un pédocriminel de 50 ans ! Ce choix de vocabulaire, venant de professionnels de l’écrit, est indigne et contribue à la minimisation des faits.
Que ceux qui le défendent encore, s’ils ont des enfants, des petits-enfants, les imaginent entre les pattes de ce type. J’attends qu’ils viennent alors m’expliquer ce que cela aura de beau ou d’artistique !
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