Océane Feld se présente comme une Artiste féministe Queer, militant.e et engagé.e.. Cette photographe française de 20 ans utilise ses photos pour transmettre une vision de la société, éloignée des

Océane Feld se présente comme une Artiste féministe Queer, militant.e et engagé.e.. Cette photographe française de 20 ans utilise ses photos pour transmettre une vision de la société, éloignée des normes traditionnelles et des obligations à être plutôt comme çi ou comme ça. L’univers artistique d’Océane dépeint le Monde tel qu’elle le voit, à savoir un monde où chacun.e peut s’identifier, sans notions de genre, accueillant les sexualités multiples et empreint de bienveillance. Un voyage esthétique qu’on ne peut qu’aimer. Elle a accepté d’accorder une interview à Desculottées.

Tu es une “artiste féministe queer”, qu’est-ce que cela signifie et implique dans ta démarche artistique ?

Je suis engagée politiquement dans mon quotidien et dans ma démarche artistique. De ce fait, je fais valoir mes droits et mes libertés en tant que militant.e sur les réseaux sociaux ou dans la rue. Je m’identifie en tant que personne queer c’est-à-dire que je fais partie de ce que l’on appelle « des minorités sexuelles et de genres » au yeux d’une société cis hétéro normée. Je parle donc de notion de genre, de sexualités, de la place des femmes au sein de notre société, des violences sexistes et sexuelles, dans un système patriarcal qui domine notre Monde en général.


Photo de la série photographique Queer “XY”. Océane Feld ©

Qu’est-ce qui t’a donné envie d’investir ce terrain d’expression artistique ?

Je dis souvent que mon travail est une sorte de journal intime qui me permet d’exprimer ce que je ressens, vois, mais surtout de capturer mes propres expériences de la vie : mes rencontres, mes amours, mes amitiés… Je veux que chacun-e puisse s’identifier.

Je veux donner un nouveau regard sur notre manière de percevoir les gens autour de nous, les relations, une nouvelle manière d’appréhender une génération en plein changement et qui s’ouvre à des sujets auxquels on ne s’ouvrait pas forcément il y a trente ans par exemple.

Je veux que l’on puisse avoir confiance en soi et évoluer dans notre perception des choses, loin des normes et des diktats.


Photo de la série photographique Queer “XY”. Océane Feld ©

Je remarque que tu aimes beaucoup jouer avec les effets de clair/obscur sur tes photos. Essaies-tu de véhiculer un message ou une sensation particulière à travers ces jeux de lumière ?

Je pense que cela a toujours été une évidence pour moi d’apprivoiser la lumière naturelle. Je n’utilise jamais de flash, lumières de studio, à part mon appareil photo je n’ai pas vraiment de matériel. Mais c’est un choix. J’ai l’impression d’être plus sincère lorsque je travaille avec la lumière du jour (ou de temps en temps en me servant de lampes de chevet pour « créer » cette intimité sur certaines de mes photos) , c’est beaucoup plus représentatif de ma sensibilité.


Photo de la série photographique “Room 31”. Océane Feld ©

Je remarque aussi que les personnes photographiées sourient peu, voire quasi jamais. Il y a une forme de gravité dans tes photos. Pourquoi ?

Je ne pense pas que cela puisse être comparé à de la « gravité ». À vrai dire c’est surtout leur choix, je ne veux pas les forcer à rire ou à sourire. Ce sont souvent des moments pris sur le vif ou des moments qui expriment ce qu’ils ressentent au plus profond d’eux : de l’amour, de la tristesse, de la nostalgie… Tous ces sentiments qui peuvent nous caractériser. Je veux quelque chose de profond. Je ne veux pas me contenter de les « lisser » pour qu’ils puissent paraître être des personnes qu’ils ne sont pas au fond, à l’instant T.


Photo de la série “Life On mars”. Océane Feld ©

La déconstruction des normes de genre est une réflexion de plus en plus abordée, notamment dans les cercles féministes. Selon toi, qu’est-ce qu’une vision non genrée des personnes et des relations, peut apporter à nos sexualités ?

Je pense que le plus important c’est que chacun-e puisse s’exprimer sur son identité en laissant toutes pressions sociales derrière soi. Dans un monde parfait en tout cas (rires). Parce que c’est un long travail que l’on doit faire sur soi-même. Si chacun-e avait l’opportunité de se définir, de trouver sa propre définition de soi-même sans risquer d’être jugé-e ou moqué-e, si chacun-e pouvait apprendre, inventer ou réinventer sa propre manière de concevoir les relations sans risquer d’être critiqué-e, parce que l’on considère qu’on doit suivre un schéma tout tracé, un modèle déjà construit, on aurait un meilleur rapport à l’autre et à soi, un regard sain et bienveillant. Mais pour ça, c’est une question d’éducation et de déconstruction face à tant de normes sociales.


Photo de la série “Fragments”. Océane Feld ©

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