Pour ou contre les films X ?
La question ne se plus pose là. Et il serait indécent de pointer du doigt un contenu qui au même moment est avidement visionné et téléchargé sur Internet. Producteurs et spectateurs sont complices d’un même système reposant sur des bases simples: une industrie qui comme dans tout autre milieu, recherche le profit, et un consommateur qui recherche diversité, facilité, instantanéite et un prix peu élevé, voire la gratuité. Au-delà de la question esthétique, morale etc d’une sexualité de spectacle conçue à des fins masturbatoires, le problème est à mon sens, en priorité, celui de la diffusion.
Les jeunes et internet
Nous nous retrouvons aujourd’hui face à un constat : d’un côté, la diffusion de ce type de contenu et son libre accès, gratuit, 24 heures sur 24 ; de l’autre, les ados, mais aussi les enfants, qui sont de plus en plus exposés à Internet en disposant de plus en plus jeunes aux smartphones et tablettes. Comme vous le savez, cet accès à internet comporte une fenêtre ouverte sur des images de toutes natures, dont beaucoup ne sont pas adaptées à un public jeune. La pornographie étant l’une des facettes majeures de ce contenu, mais pas que !
Que faire face à ce constat ?
Parallèlement à un contrôle avisé des adultes vis à vis des plus jeunes dans leur manière de surfer, (et je l’admets, qui est loin d’être simple ! ), il est aujourd’hui urgent de cesser le déni sur les nouvelles générations et leur rapport au sexe. Oui, il est normal que les enfants parlent entre eux, discutent, réagissent face à leur environnement. Oui, il est naturel qu’un.e ado recherche des infos sur le sexe et attise une curiosité sur des contenus explicites. Lui-même vit une phase d’exploration autour de son corps, sa libido se développe, il /elle souhaite apprendre pour un jour expérimenter lui/elle-même vivre sa sexualité.
Pour une éducation à la sexualité
Considérer son enfant comme un être totalement « innocent » et hermétique , « trop jeune » pour évoquer avec lui la sexualité, et se dire qu’après tout, si ça s’est plutôt bien passé pour nous, ça devrait aller pour lui, est-ce vraiment la solution ? La prévention ne consiste-t-elle pas à communiquer sur les risques afin de poser un cadre ? L’éducation n’a-t-elle pas pour vocation de guider pour rendre autonome ? De responsabiliser afin que ce futur adulte puisse faire ses propres choix ? Enfin, éduquer à la sexualité n’est-ce pas aussi parler de plaisir, de jeu, de respect, d’exploration, de toute la part émotionnelle ?
Communiquer, c’est aussi protéger.
A mon sens, et ce n’est que mon avis, l’éducation à la sexualité devrait être présente dans les collèges et lycées. Dans un monde parfait, les parents devraient pouvoir aborder de tels sujets à leurs enfants, mais nous ne sommes pas dans cette perfection. Je parle d’un enseignement prodigué par des personnes formées, et reposant sur les questions des jeunes eux-mêmes, leurs doutes, peurs, envies, interrogations. De notre côté, ce n’est qu’en étant nous-mêmes clairs avec notre sexualité et nos éventuels tabous, que nous pourrons transmettre et parler, sans être nous-mêmes empêtrés dans la honte. J’ai pour intime conviction que le vice n’est pas dans le sexe en lui-même , mais bien dans notre manière de le vivre et de le considérer…. De le juger.
Le sexe, ce n’est pas que du cul !
Beaucoup de parents s’inquiètent d’une telle initiative. Parler de sexe, serait une forme d’incitation à la débauche. C’est tristement oublier que questionner sur la sexualité c’est prendre conscience de son corps, ses pulsions, de son image et du contrôle de cette image, sur le rapport à soi, aux autres, à son éducation. C’est aussi s’intéresser aux notions essentielles de respect, d’écoute, de consentement, de plaisir, d’épanouissement. Parler de pratiques sexuelles ? Mais oui, pourquoi pas. Mais nous savons que celles-ci évoluent d’une époque et d’une culture à l’autre. Plus que tout, n’est-ce pas l’intention que nous plaçons dans notre sexualité qui importe ?
Parlons-en Mercredi 29 Janvier à l’Espace Bernard Palissy à Boulogne ! Je co-animerai une conférence suivie d’un débat, aux côtés de Thomas Rohmer, président de l’association OPEN.