Ze suis sauvé !

Pfffiou, quel périple mes zaïeux ! Ze suis bien content de vous retrouver parce que z’ai bien cru que ze rentrerais zamais. Tout à commencé ce dimanche de zuin. Y’a eu un grand « clac » qui m’a fichu une peur bleue. Z’ai couru dehors comme si z’avais eu le diable à mes trousses, sans réfléchir. Pis après, ben ze savais plus où z’étais.

Z’ai marché, marché, sans savoir où aller. Ze me suis retrouvé chez une mamie à un moment donné, mais elle m’a mis dehors. C’était pas sa faute, elle croyait que ze venait d’une maison d’à côté – c’qui n’était pas vraiment faux en plus, car z’étais pas loin d’mon chez moi provisoire. Ce n’est qu’après qu’Agnès a mis des affiches partout avec ma photo dessus.

Quoi vous dire ? Z’ai eu faim, z’ai eu soif… Z’ai eu mal à mes coussinets à force d’arpenter l’terrain dans tous les sens. Pis comme z’avais peur, ze me suis pas laissé attraper. Par personne ! Ze sais, c’est pas malin… Z’ai fait tourner en bourrique tout l’monde durant vingt longues journées. Z’ai l’impression d’avoir errer durant une éternité, ça m’a rappelé quand z’étais tout petit et que z’avais pas d’maison à moi. Brrr, quand z’y pense, j’en suis tout retourné !

Pis avant-hier, quelqu’un a prévenu Agnès que z’étais dans l’jardin. Et quelques heures plus tard, ze m’faisais prendre dans une trappe. C’est comme ça que ze me suis retrouvé enfin dans ma chambre, avec mes zouets et ma zhumaine pour me câliner. Et ze lui en ai fait des câlins à Agnès… Ze ronronnais tout c’que ze pouvais, tellement z’étais content d’être à nouveau en sécurité !

Et z’ai manzé, manzé… Faut dire que les souris et autres bêtes à plumes, ça empêche de mourir de faim, mais ça ne câle pas… Ze me suis fait une orgie de croquettes, vous pouvez pas savoir ! Il paraît que z’ai maigri. Moi z’m’en rends pas trop compte, z’ai touzours la frite ! Agnès m’a emmené chez le docteur hier, dézà pour être sûre que z’étais bien moi grâce à ma puce, pis pour s’assurer que z’étais pas malade. Tout va bien il a dit le docteur, et aussi que ze suis un amour – mais ça ze le savais dézà. Bref, ze retrouve un peu mes repères chez ces zhumains aimants qu’ont quand même tout fait pour me sauver la vie. C’est pas tout l’monde qu’aurait fait ça hein. Tiens, dès qu’z’aurai fini d’écrire, z’vais r’tourner leur faire des câlins pour les remercier…

Nikita, ze t’ai lue et z’ai vu qu’t’as recommencé à m’appeler Persil Plat… Bon, ça passe pour cette fois, mais zuste parce que ze suis bien content de pouvoir te relire ! Faudrait pas qu’ça redevienne une habitude hein ! Figure-toi que tes idioties m’ont manqué durant ces vingt zours d’errance. Et surtout, ze suis touché que tu m’aies attendu pour continuer ce livre. Z’ai bien compris qu’c’était pas parce que c’était trop fatiguant de le faire toute seule, mais parce que ze te manquais. T’es zuste trop fière pour l’avouer.

En tout cas, si on m’avait dit, quand ze suis parti de ma maison en Bretagne, que ze vivrais de pareilles zaventures avant même d’atteindre mes nouveaux parents, ze l’aurais pas cru ! On va attendre un peu pour la suite du périple elle a dit Agnès. Que ze me remette de mes zémotions. Et ma future Môman, elle a dit aussi qu’elle allait me garder enfermé un bon moment avant d’me laisser mettre une patte dehors. Elle a peur que ze recommence… Là, elle prépare mon arrivée. Paraît qu’elle m’a même trouvé un super doudou énorme rien qu’pour moi vous vous rendez compte ? Un gros chien en peluche, pour que ze puisse dormir dessus ou contre lui, comme ze le faisais avec mon copain chien breton… C’est zentil comme attention ze trouve. Elle m’a aussi préparé un panier rien qu’pour moi, avec une couverture toute douce… Z’en ronronne d’avance rien qu’à l’idée de m’y mettre en boule.

Ze sens que ze vais être bien là-bas. Avec tout ce qu’ils m’auront attendu mes futurs parents, le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils sont motivés pour m’adopter ! Après tout ça fait quand même quatre mois que ze devrais dézà être chez eux… Mais y’a eu l’épidémie, le confinement et pis ma fugue… Là, promis, ze bouze plus jusqu’au grand départ ! Z’ai eu assez d’émotions fortes pour toute ma vie, ze vous l’dis.

Aller, z’vais manzer un peu pis r’faire des câlins, ça m’a trop manqué. Ze vous zaime !

Parsifal