Ah ben ça… Ma sœur, enfin celle qu’ils disent qui est ma sœur, la Dodue, ben vous savez quoi ? Elle m’a soufflé hier matin. Moi, si saze qu’on dirait une imaze, si zentil, si calme… Z’avait rien fait pourtant. Bon si, un peu sauté partout. Z’y peux rien si c’est la pleine lune et que quand c’est l’cas, tout chat noir qui se respecte se transforme en chat-garou ! Z’y peux rien si z’avais besoin d’exercice et que ze peut pas aller faire ma zym dehors, parce que nos deux pattes y veulent pas qu’ze sorte. Alors oui, z’avoue : z’ai zoué à Tarzan avec les rideaux, z’ai couru partout comme un dératé, et z’ai embêté un peu – mais vraiment, un tout p’tit peu – Nikita la Dodue – elle rêve tout d’bout avec son altesse sérénissime. Môman s’est levée tout tard, et avant qu’elle ait eu l’temps d’avaler c’truc noir qu’elle appelle du café, elle me disputait dézà. C’est là qu’l’autre elle m’a soufflé d’un air mauvais avant de d’mander à sortir pour être débarrassée de moi. C’est pas zentil du tout, alors moi j’me venze en écrivant. En plus, elle arrête pas d’m’appeler Persil Plat, pourtant elle sait qu’ça m’énerve. Z’avais prévenu que z’me laisserais pas faire pourtant.

Ben voilà la réplique. Vous connaissiez le Père Dodu et ses poulets, maint’nant y’a la Mère Dodue. Mouarfff, qu’est-c’que ça m’fait rire. Z’voudrais bien voir la tête qu’elle fera quand elle lira. Par contre, z’sens que z’aurai intérêt à courir vite et à bien m’cacher. Ben quoi c’est vrai, elle s’fout d’moi parce que ze suis fin et élancé. « Squelette sur pattes » elle a écrit. Vous trouvez ça zentil vous ? On s’moque pas du physique, c’est bas et indigne. Ze suis pas responsable d’ma constitution, pas plus que d’ma couleur – z’aimerais bien qu’elle arrête de m’traiter d’moricaud aussi. Ze sais pas c’que ça veut dire, mais z’sens bien qu’c’est pas flatteur. Pis ze suis peut-être pas épais, mais chez moi c’est tout du muscle. Y’en a qui peuvent pas en dire autant. Ze cite pas d’nom, suis pas un mouchard. Ze dis zuste qu’elle est blanche avec de taches tigrées.

Bref. Il refait tout chaud dehors, du coup ze suis pas mécontent d’pas avoir le droit d’sortir. Il fait bon à la maison, c’est frais et y’a des rideaux pour que z’m’amuse avec. Heu, non z’ai rien dit puisque ze fais pas exprès les tirer en bas. C’est la faute des mouches, moi ze suis innocent que l’agneau qui vient de naître. Donc, z’ai mes zouets et mes doudous et ça, z’ai le droit de zouer avec.

C’est bête que ze supporte plus le harnais – quand z’ai fugué, z’en avais un mais depuis, ze n’en veut plus du tout – sinon, le soir ze pourrais aller ave Pôpa et la Dodue voir les poules et les lapins. Hier soir, elle est allée avec faire sa promenade tandi qu’moi z’était enfermé. Le soir il fait bon, fait plus trop chaud. Va falloir que ze réfléchisse parce que ze me prive de plaisir. Cela en vaut-il la peine ?

Allez zou, ze vais faire ma sieste. À tchao tout l’monde !

Parsifal