Depuis hier, on dirait bien que Nikita devient plus sympa avec moi. Si si, z’vous zure qu’c’est vrai. Dézà, hier elle m’a presque pas soufflé, ou alors si ze m’approchais trop près d’elle.

On est resté tous seuls, Pôpa et Môman étaient partis faire des courses. Ils s’attendaient à ce qu’on se soit battu, eh bien pas du tout. Dès qu’ils sont rentrés, elle est sortie, mais c’était quand même un sacré exploit. Et z’ai presque pas fait de bêtises, ze me suis zuste un peu pendu à un rideau dans la cuisine, Pôpa a remis la tringle que z’avait fait sauter. C’était pas d’ma faute, y’avait une mouche sur le rideau et moi, ben z’aime bien chasser les mouches… À la limite, c’était la faute de la mouche qu’avait qu’à ne pas être là.

Mes zhumains y sont chouettes, y m’ont acheté des pâtées rien qu’pour moi et une barquette d’herbe à chat – ça, paraît qu’c’est pour que ze ne manze plus les plantes vertes. Il va zuste falloir attendre qu’elle pousse, l’herbe. Pis y z’ont aussi acheté un truc qu’on branche sur une prise. Y paraît qu’c’est pour que les chats ils stressent plus. Ben ça a l’air d’marcher car d’vinez quoi ? Ben hier soir, z’ai pu faire un bisou à Nikita. Oh pas longtemps, mais elle a rien dit et s’est laissée faire. Un exploit z’vous dis. Elle est restée à la maison toute la nuit, couchée contre Pôpa. Elle m’a laissé venir dans la chambre et même sur le lit. Fallait zuste que z’m’approche pas trop d’elle… Z’ai pu sauter sur Pôpa, lui faire des câlins et même mettre en route ma boîte à ronrons. Ze sens qu’on va finir par dev’nir copains, Nikita et moi. Pourtant c’était pas gagné !

Mais d’puis une semaine que ze suis là, elle voit bien que ze suis pas méchant. Au final, ze suis un p’tit chat gentil, comme elle, alors il faut qu’elle fasse avec moi c’que Chanibal a fait avec elle. Z’en ai beaucoup entendu parler de Chanibal, il avait l’air trop cool comme chat. Vous croyez qu’Nikita m’laissera jouer à saute-minette avec elle ? Moi z’aimerais beaucoup ça. Parc’que zouer tout seul c’est drôle un moment, mais c’est quand même mieux à deux. Heureusement qu’mes zhumains ils zouent, ça compense un peu.

C’matin, je tenais une forme olympique. On est descendu ensemble, Nikita et moi, quand Pôpa s’est levé. J’y ai manzé sa pâtée – elle traînait à la manzer, c’est pas d’ma faute hein –, pis après, d’vinez ? Ben on s’est encore fait un bisou avant qu’elle aille dehors. Z’ai décroché la médaille d’or en grimpé d’escaliers. Z’ai du les faire une vingtaine de fois en courant comme un dératé. Môman elle arrivait plus à suivre. Et z’ai presque pas essayé d’grimper aux rideaux, ni mâchouillé d’plantes vertes. Môman veille au grain. J’vois pas pourquoi elle y tiens autant à ses plantes. Sont bizarres quand même les zhumains, ils pourraient s’purger avec, mais non. Vers midi, ze me suis écroulé, mort de fatigue. Alors z’ai fait un gros dodo avec mes doudous, blotti en boule sur ma couverture. C’était vachement bien. Fallait bien que ze soit en forme pour pouvoir écrire… Z’ai pas pu l’faire hier car comme ze vous ai dit, Môman était pas là et ze sais pas utiliser l’ordinateur tout seul. Pis quand elle est rentrée, elle avait pas le temps de m’montrer. Z’ai lu que Nikita elle voulait que tous les chatons ils aillent à l’école. Ze vais lui dire qu’il faudra des cours d’informatique, parce que c’est pas possible, à notre époque, d’être dépendant de quelqu’un pour s’exprimer en ligne ! Ze veux être un chaton instruit et indépendant. C’est pas négociable. Alors Nikita, ma grande, au boulot ! Les chatons comptent sur toi ! Moi j’vais me r’coucher un tit peu pour être en forme cette nuit. À plus !