Mais qu’est-ce qu’y m’a pris ? J’en sais rien. J’me suis laissée emporter par des idées moches elle dit Môman. Oui, j’avoue qu’j’avais peur avec c’nouveau chat à la maison. Et j’crois même qu’si il avait eu n’importe quelle couleur, j’aurais eu aussi tant peur qu’ça. Il a raison le cht’iot, y’a rien d’changé avec nos zhumains. Ils m’aiment pas moins qu’avant, et j’ai toujours autant à manger. Pourquoi j’me plaindrais hein ?

Vous savez, les peurs c’est pas rationnel. Ça vous gagne sans qu’vous vous en rendiez compte et après c’est fini, vous avez l’cerveau r’tourné. Et je r’connais qu’tout c’que j’ai pu chercher pour m’rassurer a eu l’effet inverse. Oui, j’suis tombée sur des trucs pas très jolis, elle a raison Môman. J’lui veux pas d’mal au final à ce p’tit frère. Pourquoi on autorise qu’y ait des propos pareils sur Internet aussi ? Au nom d’la liberté d’expression, on a l’droit d’dire des horreurs sur des gens qu’on connaît pas, tout ça parc’qu’y sont pas d’ici ou parce qu’y sont pas comme nous ? C’est quand même pas normal. Mouâ c’que j’voulais, c’était juste m’rassurer. J’me suis faite embobinée sans rien voir. Alors promis, j’vais faire tout c’que j’peux pour qu’on vive en bonne harmonie, Parsifal et mouâ et pissétout. Surtout qu’c’est un gentil qui mérite pas c’que j’lui ai fait.

Je s’rais d’venue quoi si Chanibal avait fait pareil quand j’suis arrivée à la maison hein ? J’aurais été malheureuse comme les pierres. Lui, il avait été gentil avec mouâ, même quand j’faisais ma peste. Il avait eu d’la patience et tout et tout. Alors j’vais essayer d’faire comme lui.

En tout cas la punition m’a permis de r’trouver une vie normale de chat d’campagne. Et vous savez quoi ? Ben c’est chouette, enfin si on fait exception d’la chaleur épouvantable qu’il fait dehors ! Il fait si tant chaud qu’l’après-midi, j’reste vautrée à l’ombre, dans l’herbe. Vous zautres, les zhumains, quand il fait chaud vous vous déshabillez, mais nous ? On peut pas enlever l’pyjama comme dit Môman. Alors on s’couche où qu’c’est l’plus frais et on attend qu’ça passe. Quoi faire d’autre hein ? Rien et pissétout. Après, faut pas qu’on s’plaigne, au moins on peut sortir, pas comme les chats d’appartement, cloîtrés dans les cages à poules qu’les zhumains appellent des HLM, et qui cuisent tout doucement, à l’étouffée.

Sinon, vous voulez des nouvelles d’la guerre contre la pandémie – z’avez vu, j’ai pas dit la « bébête » ? Ben l’masque à museau d’vient presque obligatoire partout. Enfin, selon les départements, les villes, les rues et tout avec des dates différentes sinon ça s’rait pas drôle. Résultat, comme plus personne n’sait où on en est, l’jeune déplumé s’est pris une amende samedi, parce qu’il savait pas qu’il était dans un endroit où il était obligatoire d’puis la veille. Bah oui, ici c’était obligatoire qu’à partir d’mardi. Z’ont rien voulu savoir les policiers. On est dans une zone où trois départ’ments s’touchent, et dans ces trois départ’ments, bien l’obligation entrait en vigueur avec des dates différentes ! Quand j’dis qu’ces zhumains ils n’ont aucun bon sens ! Bref, du coup les gens, ils sont comme les concombres… Masqués quasi tout l’temps d’peur d’prendre des PV. Mais dans c’t’histoire, le plus drôle c’est qu’y a quand même une loi qui dit qu’en France, les gens doivent rien porter qui dissimule leur visage, sous peine… D’amende ! C’est la loi Morano. Mouarfff ! Sont trop drôles quand même.

Bon, j’repars m’promener avant qu’il fasse trop chaud. Vous savez que j’me sens mieux après tout ça ? C’est vachement bien de ne plus avoir peur et de ne plus détester l’autre, mouâ j’vous l’dis. Si j’avais su, j’aurais fait tout ça plus tôt ! Tchao et à bientôt !

Nikita