Mais quel p’tit con qu’ce mauricaud ! Hier, toute la journée il m’a s’rinée en chantant sur tous les tons « c’est ma zournéeuu, c’est ma zournéuuu ». J’me d’mandais d’quoi il parlait l’bestiaux. Ben t’nez vous bien, hier c’était la journée internationale du chat noir. Si si, vous zavez bien lu ! Franch’ment, n’importe quoi ! Ils savent plus quoi inventer les zhumains, mouâ j’vous l’dis. Ils en veulent des chats noirs ? Ben qu’ils les prennent chez eux. Parce que c’que ça va donner c’truc, c’est qu’tous les chats noirs du monde y vont v’nir ici : croquettes pour tout l’monde et tout l’toutim, ils l’savent bien tout ça et ils veulent profiter. Alors qu’y’a des chats blancs tout malheureux, qu’ont rien à manger. Foutez-vous pas d’mouâ hein, j’ai pas dit qu’j’en étais un non plus, encore que…

Nourrir les noirauds pourquoi pas, mais avec c’qui reste une fois qu’les autres chats bien gaulois ont mangé et pissétout. Et si y reste rien, bien y r’partent d’où qu’ils viennent et on n’en parle plus. Non mais alors ! Voudraient pas en plus envoyer leurs chatons dans les écoles que j’veux créer non plus tant qu’ils y sont ? On est chez nous ou pas ?

Ah, on m’dit dans l’oreillette qu’y plein d’chats noirs qui sont gaulois. Z’êtes sûrs ? Persil Plat, il est pas d’ici, il est Breton ! Ah, c’est la France ? Et en plus, la Bretagne, c’est l’pays d’Astérix le Gaulois ? Vous vous foutez d’mouâ là, non ? Ben mince alors, à quoi on peu s’fier alors, dites-le mouâ ? Mais ça fait rien, mouâ j’défends une grande cause nationale, alors qu’y r’parte dans sa Bretagne et vienne pas profiter des avantages d’ici à mes dépens. S’il avait des chatons, j’suis sûre qu’y r’vendraient son lot d’croquettes attribuées aux réfugiés pour aller s’ach’ter un écran plat, c’te mûrie…

Au s’cours ! Y’a Môman qui vient d’me lire et d’enguirlander comme du poisson pourri. Elle m’a dit qu’c’était ignoble c’que j’écrivais, qu’j’allais m’faire bannir des réseaux sociaux pour incitation à la haine raciale et qu’mon livre il allait être censuré pour les même raisons. Même qu’elle a dit que si j’continuais, elle me rebaptis’rait Jeanne-Marine et m’crèverait un œil pour faire plus vrai. C’est si grave que ça c’que j’ai dit ? Z’êtes sûrs ? Elle a aussi menacer de m’priver d’accès à l’ordinateur… Je suis une incomprise… Miouuuuuuuu… En plus, pour que j’évite tout ça, elle veut que j’présente des excuses sincères – elle a insité là-d’ssus – à Parsifal. Non vous rendez compte de comment j’suis traitée, mouâ, si adorable et facile à vivre ?

Et Pôpa, ce traître, ben d’vinez quoi ? Hier soir, il est allé prom’ner l’moricaud dans la rue ! Si si… et mouâ, on m’a abandonnée là, comme une pestiférée. Adoptez-moi, sortez-moi de c’t’enfer avant j’y laisse ma peau ! Pitié !

Qui a dis qu’j’suis jalouse ? J’ai entendu hein. J’suis pas jalouse du tout, j’veux juste qu’personne touche à c’qui est à mouâ et pissétout. Y’en a même qui m’traîtent de chationnaliste… C’est une abomination sans nom, même si j’sais pas c’que ça veut dire. J’sens bien qu’c’est pas reluisant, suis pas si tant bête non plus hein !

En attendant, Môman m’a privée d’télé et d’Internet, elle dit qu’ça m’moisit le cerveau. Et comment j’vais suivre l’actu hein ? C’est vraiment pas juste c’t’histoire. J’vais mourir d’ennui dans un coin, elle dit qu’ça m’permettra d’réfléchir à c’que j’ai fait.

Nikita Caliméro