Cette fois, avec ma clique à claques, nous embarquons pour une soirée que nous connaissons fort bien, nous y sommes un peu chez nous : la fiesta de notre poto adoré Michel
Cette fois, avec ma clique à claques, nous embarquons pour une soirée que nous connaissons fort bien, nous y sommes un peu chez nous : la fiesta de notre poto adoré Michel Zinella, intitulée « Soumissions Exquises ». « La Zinella » comme on dit dans le milieu, se déroule au club libertin Le Quai 17. Cela fait 25 ans que « Mimi » pour les intimes, noctambule de haut vol, organise des soirées bien déjantées qui mélangent tout ce qui existe, gilet jaune compris ! Au diable les étiquettes ! Ce qui compte avant tout : la fête ! Illustrations à l’aquarelle inspirées de la soirée, réalisées par Clarence.
Dimanche, il est 13h, l’heure du sacro-saint déjeuner dominical. Toujours au lit, mon mac sur les genoux, j’essaye de gratter mon reportage, encore dans mon jus de la veille agitée. J’angoisse. Je n’ai pas écrit sur les nuits décadentes depuis plus de six mois. Pourtant l’écriture, c‘est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, à ce qu’on dit ! Cette paralysie devant l’écran blanc pourrait s’apparenter à du masochisme. Ça fait mal et pourtant j’y reviens. Un peu comme une drogue. Pourquoi ? Parce que derrière, une fois la peur dissipée, une fois que je tape mon Mac, pardon sur mon mac, je sais que le plaisir est immense. Juste d’écrire ces quelques lignes, et ça y est je plane !
Les réjouissances se déroulent dans un club libertin bien agencé : le Quai 17, sur les bords du Canal de L’Ourcq. Ici, tout est de plain pieds, pas d’escaliers casse-pieds pour les talons aiguille. Pour être franche, les murs sont plus habitués aux gang-bangs, échangisme et à un peu de saphisme. Mais des mecs ensemble ou pire, des femmes qui prennent possession du corps d’un homme avec ou sans gode-ceinture, jamais ! Sauf que ce soir, c’est Zinella qui organise, alors toutes les combinaisons sont possibles. Faites vos jeux !
A minuit, le club est blindé. Il accueille ce soir 250 participants, loin de tout jugement. Jupette de vinyle, boots à boutons d’acier, sans fard, sans maquillage, Mimi nous accueille débonnaire, grand sourire déconneur, égal à lui-même, épilé de frais. Juste avant, le joyeux sexagénaire est passé voir son esthéticienne chinoise… qui l’a aussi généreusement massé. « Elle connait mon corps de A à Z. » m’assure Mimi ! Sans blague !
Avec sa tête venue d’une autre galaxie, il est considéré comme l’un des papes des nuits les plus dépravées de la capitale. Voilà 25 ans que ce fanatique du clitoris, organise ses drôles de party partouzes SM avec son pote, le lyonnais Bruno Equalizer. Le secret de ce succès inébranlable : le mélange des générations, des milieux sociaux, des genres, trav et trans y sont accueilli.e.s à bras ouverts. Et surtout, je le rappelle, toutes les sexualités sont permises (libertinage, BDSM, bisexualité féminine et masculine, lesbiennes, gays). Mélangez toutes les couleurs de la décadence dans un même bassin, c’est ça qui donne le sel si régénérant des « Soumissions Exquises ».
Michel et ses copines, femmes bio ou pas !
Contre toute attente, ma stagiaire Clara me fait faux bond. On ne peut vraiment plus compter sur le petit personnel ! Autrefois, les jeunes avaient un peu plus de conscience professionnelle, c’était mieux avant, toujours ! Bref voici son excuse : « je me suis faite tatouer, trois heures à serrer les dents. Ça met le corps à rude épreuve, du coup il sécrète des endorphines. Mon tatoueur Saint-Molotov porte bien son nom… Je suis KO ! » Connaissant Clara, il a dû y avoir un SAV prolongé… histoire de relancer les endorphines. Je tirerai tout ça au clair à la prochaine conf de rédac. Sévices à la hauteur de l’abandon de poste !
Autre contrariété : l’incendiaire Mademoiselle B est retenue dans le sud au bord de la mer. Elle officie sur un tournage de film porno où elle coache acteurs et actrices pour les scènes sans sexe. L’exercice est de taille…
Excellente nouvelle, enfin ! Clarysse vient d’être déposée en voiture devant le club par son Cher Vilain. Cette dernière connait les soirées de Mimi depuis toujours. La libertine chic au brushing érectile, moulée dans un corset ajouré, décolleté assuré, est de sortie, envoyée par Clarence, son alter ego, illustratrice aux multiples talents, de l’aquarelle à la gravure numérique. C’est elle qui a illustré ce récit.
Je rapplique donc avec Axelle de Sade, les Paris Derrière Boys: Daryl et Fifi dit « Le caniche » et l’incontournable au sens propre comme au figuré: Tutu. Lors du before chez moi, j’ai offert au soumis un beau gilet jaune qu’il a dû porter de suite. Peut-être pourrait-il se faire sodomiser par un.e macroniste ? Sait-on jamais.
Les tarifs d’entrée pour cette soirée spéciale, sont un peu plus avantageux que ceux pratiqués habituellement dans les boites de fesses parisiennes. Bon ensuite, il faut compter 5€ le vestiaire quel que soit le nombre d’articles. N’oubliez pas d’y laisser votre smartphone, les photos sont interdites et surtout c’est une excellente détox numérique. Délaisser le virtuel pour ne se consacrer qu’au sensuel, la vraie vie quoi !
En entrant, on longe un large couloir avant de tomber sur un grand bar avec du personnel efficace et poli. Ce qui permet de ne pas attendre des plombes pour boire un coup. Si j’étais arrivée plus tôt, j’aurais profité du buffet: saumon, tomates mozza, gâteaux etc.
Les gens sont beaux, sapés, ils ont pris soin d’eux, tout le monde a joué le jeu de la tenue sexy fetish, cuir, vinyle, lycra, et un zeste de latex. Avant la soirée, se préparer doit être un plaisir, l’occasion de prendre son temps. Oublier l’heure, c’est le luxe du XXIème siècle.
Axelle, moi-même, le Caniche , tutu et Daryl ! croqués par Clarence
Je tombe sur Pierre Lechat, un expert de référence sur le libertinage, je vous conseille son interview et son livre, très utiles aux curieux qui veulent approcher le milieu. Pierre est un quadra rayonnant, sa belle plastique est mise en valeur par une chemise sobre et chic et un pantalon de vinyle noir.
A la main, il tient une laisse entièrement sertie de micro diamants. À l’autre bout, une jolie soumise aux formes appétissantes, porte le collier assorti. Ils sont assis côte-à-côtes sur des chaises hautes face au zinc. Elle : « nous nous sommes rencontré.e.s dans une pool party (après-midi piscine orgie) au Cap d’Agde. J’ai beaucoup de responsabilités dans mon travail, à la maison, c’est moi qui gère beaucoup de choses, y compris les enfants. Pour me faire du bien, jouir, j’ai besoin de lâcher le contrôle. »
Moi : Mais Pierre, je vous croyais plutôt soumis ?
Pierre : je suis 100% soumis 99% dominant !
Moi : Et côté gilet jaune ?
P: Ils ont raison.
Moi : Pourtant, vous avez une bonne situation…
P : je suis écrasé d’impôt et fatigué par les incompétents qui nous gouvernent ! Comme les gilets jaunes, le matin, je me lève tôt pour aller bosser ! À ce sujet, Pierre me fait une nouvelle fois l’éloge des « goûters-partouzes » en vogue actuellement le dimanche : « Ça permet de s’amuser et de se coucher tôt ! »
Je ne peux résister à jeter vite fait un oeil dans les backrooms, fonctionnelles, propres, sans beaucoup de fioritures. À disposition : un glory hole. Un mur fin, troué à différentes hauteurs, pour pouvoir passer sa quéquette et se faire sucer par une ou un inconnu. Mais là, surprise ! Je vois sortir de l’orifice, à portée de ma main, une assiette avec de délicieux fondants au chocolat. Derrière, c’est ce cher Jérôme, l’adorable chef cuisinier du Paris dévergondé ! Avec Anna Aventurine, ils ont organisé une fête surprise dans la fête, en l’honneur de la Camille Belle de Jour. En effet, la trentenaire part faire de l’humanitaire à l’autre bout du monde. Comme toutes les dominatrices, elle aime l’aventure avec ou sans colifichets. Et comme elle va devoir s’en passer pour un bon moment, ce soir, elle n’en perd pas une miette, fouettant sur la Croix de St-André, Fred. Ce grand gars à la bouille sympa, travaille dans les télécoms. Il a été marié pendant 20 ans, couple traditionnel, puis a divorcé. Deux ans après cette séparation, il a rencontré une femme qui lui a permis de s’ouvrir à de nouveaux plaisirs. Il n’est jamais trop tard !
Moi : Tu es le soumis de Camille ?
Fred : non, juste un ami. Je suis plus masochiste que soumis. Je n’aime pas trop les scénarios, je préfère le plaisir de l’abandon par la douleur avec une fille en qui j’ai confiance. Petit, je marchais sur des charbons et des orties pour épater mes copines. Je me sentais alors pleinement homme. Ce sont des jeux érotiques sans rapports génitaux, c’est un autre type d’orgasme. Ça peut être très fort. Parfois, je suis à la limite de perdre connaissance.
Je croise Axelle qui me raconte qu’elle a, au cours de la soirée, senti une main inconnue « évoluer sur son postérieur : je lui ai chopé la main direct en lui soufflant: ça va ? T’as pensé que c’était open bar ce soir ? Et si je te fais la même chose, tu dirais quoi ? » Et là, elle lui chope les boules et tire dessus : « Alors ça va ? Ça te plait ? » . Le gars : « Oui, on va dans une alcôve ? » Le message n’est pas clair !
Tout au fond du club se trouve une vraie salle de cinéma ! Me voilà assise face à un film porno que je ne regarde pas, je ferme les yeux. A mes pieds, Daniel me masse les chevilles échaudées par les talons hauts. Dans le milieu, on le surnomme Monsieur Démonia. Il est le fondateur de la célèbre boutique parisienne éponyme, un grand espace bien renseigné dédié à l’équipement BDSM, objets, vêtements etc. près de la place de Ménilmontant. Le Vieux Campeur version cuir, vinyle, latex. Un lieu à visiter.
Les entrepreneurs du monde de l’érotisme sont souvent fascinants. Déjà qu’il faut avoir la foi pour monter une entreprise quel que soit le secteur, alors dans le commerce appelé pudiquement « pour adulte », il faut être complètement habité ! Pensez au légendaire Larry Flynt ! « Les ventes de plug anal se portent bien en ce moment » m’apprend Daniel. Moi : « nous allons bientôt faire affaire ensemble, je te le prédis ! »
Je continue mon petit tour d’horizon des « salons » (coin où ça pratique.) Un maitre fouette avec un vrai fouet pas un martinet, une jeune femme asiatique au fessier bien charnu. Sous les coups, elle sourit. Dans la pièce à côté, j’aperçois dans la pénombre un trio tendre, une femme, deux hommes, loin de tout BDSM. Elle ne lâche pas la main de son amoureux, alors qu’un autre la prend en levrette. A une heure avancée, il y a des messieurs en train de se lécher mutuellement les fesses. Un 69 100% couilles.
Du Radeau de la Méduse aux seins boticelliens de la Renaissance italienne, des seins naissants… Au fumoir, je discute avec des transsexuelles plus ou moins détectables. « Réunion Tupperware » autour des vraies et fausses poitrines. L’une me raconte son parcours de la combattante. Elle lève son top toute fière de me montrer. En effet, ils sont parfaits ! C’est neuf ! C’est lavé avec Mir Laine, ? Non juste les hormones, pas de chirurgie. En effet, les hormones créent des poitrines naturelles. Elle m’invite à tâter … touche la qualité ! Et les tiens, ils ont l’air magnifiques, je peux ?
Je m’approche de l’endroit névralgique, celui que je chéris : le dance floor. La piste, petite par rapport à la taille des lieux est très vite prise d’assaut, la musique est bonne : U2 (Bloody Sunday(, les Jackson Five, Sophie Ellis Bextor (Murder on the Dance floor) et l’énorme succès de l’été 2012 Lykke Li, I Follow Rivers agitent les popotins.
I I follow, I follow you deep sea baby
Je je suis, je te suis mon abîme chérie
I follow you
Je te suis
I I follow, I follow you, dark doom honey
Je je suis, je te suis, Je te suis sombre tragédie chérie,
I follow you
Je te suis
Comme dans quasi tous les clubs libertins, les murs de la piste, sont recouverts de miroirs partout autour pour faire sa belle ou se regarder rouler des peles à tout le monde.
La célèbre Maitresse Elsa très en beauté, corset rouge sur robe blanche et noire avec une grande tête de mort sur le côté, se déhanche à fond. Une fille toute fine, lunettes de soleil, combi combo porte-jarettelles, top ouvert en résilles, est excitée comme une puce. Elle est iranienne et elle est venue vivre sa liberté sexuelle en France. A côté d’elle, Annet Caminada, fetish designer, venue de Hollande pour la Zinella. Attablé en bordure, il y a un petit couple de personnes âgées « qui vient depuis 20 ans, ils étaient déjà vieux à l’époque, ils ne vieillissent pas » me confie Mimi.
Sur le podium les créatures de Madame Arthur, cabaret travesti depuis 70 ans : des drag queens autour de la barre, pailletées, body-paintées sorties des ténèbres arc-en-ciel. Il parait que leur établissement est monté en gamme, il faudra que j’aille y traîner…
Michel me présente Mick The Dog, une célébrité du SM hardcore: masque de chien en cuir, en dessous, 2 piercings dans le nez, combi de latex noire avec la queue, les gants-pattes, la totale ! Il se met à lécher un énorme plug noir de la circonférence d’une orange… avant de le remettre à sa juste place.
Il y a une seconde micro fête à l’intérieur de la soirée : l’anniversaire du Loup (le grand gars du lâcher de soumis dans le Bois de Boulogne, la séquence dont je suis la plus fière de ma collaboration avec l’émission TV Paris Dernière.) Le Loup, un beau mâle alpha qui a découvert sur le tard le plaisir anal extrême et depuis, il est à fond. Mais c’est avant tout un redoutable fêtard no limit ! Totalement nus sur le podium : Le Loup et ce grand dadais de Daryl, toujours la banane. Tous deux font l’hélicoptère avec leur bite. Mimi Zinella s’époumone dans un micro. il est déchaîné mais avec la musique par-dessus, on ne comprend rien.
Il coupe le micro et se tourne vers moi : « Emma, je ne suis pas allé un peu trop loin là ? » Heu ? De quoi parlais-tu ? Bah, j’ai dit «Allez-y les filles, pour son anniv, venez gang-banguer le Loup, importunez-le ! Vous les femmes de l’ère Metoo ! » Dès qu’il s’agit de Metoo, Michel devient intarissable. Le bonhomme archive tout ce qui est publié. Il essaye de comprendre son époque. Même les libertins se questionnent et ne savent plus à quels seins se vouer…
Toujours est-il que l’état d’esprit ici, est unique, libre et généreux à l’image de Michel. La fiesta Zinella, c’est une faune et une flore de grands gamins, qui vivent l’instant, avec certes des jeux d’adulte. Spontanéité, joie, émerveillement, étonnement, on lâche le contrôle, l’égo, on arrête de réfléchir, de se projeter, d’angoisser. Jésus n’avait-il pas dit : » Redevenez comme des petits enfants » ?
Encore merci à Clarence pour ses belles aquarelles. Le site de l’artiste ici.
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