Les fêtes de fin d’année constituent une excellente occasion d’emmener la famille ou les ami.e.s, voir l’expo qui dépoussière les convenances : celle de Grayson Perry, artiste protéiforme et inclassable. Issu de

Les fêtes de fin d’année constituent une excellente occasion d’emmener la famille ou les ami.e.s, voir l’expo qui dépoussière les convenances : celle de Grayson Perry, artiste protéiforme et inclassable. Issu de la contre-culture britannique, cet extravagant travesti possède un humour décapant. « Vanité, Identité, Sexualité » tel est le titre provocateur de l’expo, une évocation de la devise de la République Française, enfin, ce qu’il en reste… L’évènement a lieu à La Monnaie de Paris, magnifique monument où sont encore frappées quelques pièces. Ici, jusqu’au 3 février, c’est fric, sexe et politique ! Quel teasing !

Fesse tivité, Noël, Nouvel An ! C’est mon conseil anti crise de foie pour digérer, éliminer la dinde farcie, contempler, vous remplir de beauté : l’expo Grayson Perry a lieu dans le magnifique Hôtel de la Monnaie. Ce monument construit fin XVIIIème siècle en bordure de la Seine, héberge la Monnaie de Paris. La Monnaie de Paris, c’est la plus vieille entreprise du monde, 1150 ans, la première usine conçue dans Paris. Aujourd’hui, nos euros, pièces et billets sont frappés à Pessac près de Bordeaux. Mais de l’Hôtel, sortent encore les productions d’art.


C: Monnaie de Paris / Martin Argyroglo

Grayson Perry, 2017 © Thierry Bal

Allez ! On démarre l’expo : côté bio, Grayson Perry, né en 1960 est issu de la classe ouvrière de l’Essex. À l’âge de 12 ans, il a commencé à s’habiller en femme. Il sort de chez lui ainsi pour la première fois à 15 ans. Pour Grayson Perry, « être un travesti ne signifie pas faire semblant d’être une femme. Il s’agit de porter les vêtements faisant naître en moi exactement les sentiments que je veux éprouver. » Dans sa jeunesse il vit dans les squats où il créé Claire, son alter ego.


Claire – Grayson Perry, 2017 © Richard Ansett.

Contrairement à ce que laisse penser son autoportrait en photo de Une, il est travesti et non transsexuelle. Il n’a pas procédé à des modifications corporelles en vue de changer de sexe.

S’il a été animateur télé et écrivain, Perry est avant tout plasticien : vases, sculptures, céramiques murales, tapisseries, kimonos, robes, l’artiste varie les plaisirs pour mieux nous déranger. À Paris Derrière, on adore !


Grayson Perry C : Monnaie de Paris / Martin Argyroglo

C : Monnaie de Paris / Martin Argyroglo

Grayson Perry C : Monnaie de Paris / Martin Argyroglo

Il détourne les formes artistiques classiques pour faire passer des messages très modernes, très politiques, très engagés notamment sur les questions de masculinité qui vont de pair avec la critique du système capitaliste et sa rentabilité à tout crin. Une telle expo ici où on fabriquait le pognon, le symbole est fort !

Dans l’espace appelé « Masculinité », le texte annonce la couleur : « Perry montre un idéal masculin en train de s’éroder. Les hommes manquent de repères et sentent que leurs privilèges sont menacés, la crise du marché du travail les ayant dépossédés de leur rôle de chef de famille et le chômage les ayant disqualifiés en tant que professionnels. Le modèle classique d’une virilité dominante, basée sur une image de force physique et morale et de puissance sexuelle, est aujourd’hui remis en cause. De cette injonction, naissent des sentiments de rage et de frustration, qui se manifestent dans des épisodes de violence de plus en plus fréquents, allant jusqu’au suicide parfois chez les plus jeunes. »

Perry plaide pour une version plus souple de la masculinité, « grâce à laquelle les hommes peuvent enfin baisser la garde, admettre leurs fragilités et parler de leurs sentiments. »


sur un mur de l’expo

Moi perso, les hommes qui pleurent, ça m’excite ! Pas vous ? Ça s’appelle la dacryphilie, le fait d’être attiré.e par les larmes. Si, si…

Revenons à l’expo ! Selon l’artiste, « l’aspect de la masculinité le plus difficile à examiner est son effet omniprésent sur les structures de pouvoir et les biais inconscients au sein de l’industrie financière de la City à Londres. » D’où ce vase en forme de phallus recouvert de billets de banque.


Objet de premier plan- Grayson Perry © Monnaie de Paris, Martin Argyroglo

Du coup, Perry donne des pistes pour sortir de l’ornière. À la manière d’un sociologue, il observe la façon dont se forge le tempérament d’un homme. Lui même marqué par son enfance, effrayé par un beau-père brutal et vivant avec une mère lunatique, il a voulu imaginer un homme différent, moins guerrier et davantage à l’écoute. Dès 4 ans, l’enfant en a projeté toutes les valeurs sur son ours en peluche qui le suit dans la papamobile qu’il a, une fois adulte, customisée. Les mots « patience » et « humilité » inscrits sur les flancs du réservoir sont une provocation à la masculinité agressive des motards. À travers l’exemple de cette peluche, Graysson Perry montre qu’il est possible de substituer au modèle masculin dominant un autre modèle dit-il « facile à garer, avec un grand coffre bagage, des sièges enfants et à basse consommation. »


Kenilworth AM1 – 2010 la papamobile – © Monnaie de Paris, Martin Argyroglo

détail arrière de la papamobile – C : Monnaie de Paris / Martin Argyroglo

Evocateur. Non ?

Point noir, c’est le cas de le dire : les œuvres ne sont pas toujours très bien éclairées. Incroyable que le budget « spots ampoules » de la Monnaie de Paris soit si réduit… Pour avoir accompagné Maitresse Adidas lors de ses emplettes, je peux vous dire qu’au concept store Hub Bastille, les baskets sont bien mieux mises en valeur, certaines sous verre si, si… Et on ne lésine pas côté lampes. Quel monde étrange ! L’argent ne semble pas au bon endroit.

Je pense particulièrement à ce splendide vase en céramique qui représente des scènes de pratiques BDSM (Bondage Domination Soumission Masochisme)


Grayson Perry | © Monnaie de Paris, Martin Argyroglo

Grayson Perry | © Monnaie de Paris, Martin Argyroglo

Dans la pénombre, vous apercevrez une dominatrice voilée, très transgressif ! C’est ballot, le détail ne figure pas sur ces deux photos que m’a envoyées le service de presse. La dominatrice en question, n’a pas été retenue visiblement…

Dehors, la nuit est tombée sur la Ville Lumière. Bon, c’est l’heure de l’apéro, je vous laisse. Pour cette visite expresse, on dit merci qui ?

Merci Emma !!! Mais le mieux, c’est de bouger ses fesses et de venir sur place. Comme dit Perry : « les gens continuent d’aller au musée pour voir la pièce originale façonnée et manipulée par les artisans et s’émerveiller de leur habilité. » Artisan et non artiste, humilité… une valeur d’avenir.

Jusqu’au 3 février – LaMonnaie de Paris, rebaptisé 11 Conti, car 11 quai de Conti, Paris 6ème

infos pratiques ici


© Monnaie de Paris, Martin Argyroglo

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