La réalité du viol

Je vais m’exprimer ici sur un sujet très sensible : le viol. Pourquoi ? Parce que malgré tous les articles, émissions, dossiers consacrés à ce sujet qui touche 94 000 femmes (âgées de 18 à 75 ans, les mineurs sont exclus de ces statistiques), on entend encore des choses qui font hurler.

On entend encore trop souvent que le viol est un acte situé dans la sphère de la sexualité et de la séduction. Non et non ! Le viol est un acte d’instrumentalisation et de destruction -physique et psychologique- de l’autre, qui est de fait traité en objet consommable. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, depuis la nuit des temps et sous toutes les lattitudes, le viol est utilisé comme arme de guerre contre les populations civiles.

Aussi, lorsque l’on parle de la tenue vestimentaire ou de l’attitude d’une femme violée, de fait cela implique qu’on la considère comme responsable de l’agression qu’elle a subie, et c’est à proprement parler intolérable et irréaliste. Selon ce principe, seules les femmes désirables, provocatrices et sortant seules le soir seraient victimes de viol, ce qui n’est absolument pas le reflet de la réalité.

Dans les pays où la tenue vestimentaire des femmes est imposée et occultante, où elles ne sont pas libres de leurs déplacements, les femmes se font violer.

Des femmes très âgées se font violer, des enfants se font violer… Et lorsque l’on observe les statistiques, on est loin du mythe pourtant tenace du violeur inconnu qui agresse au coin d’une rue sombre, puisque ce cas ne représente que 9 % des cas. Dans 44 %, il est connu de sa victime et dans 47 % il est le fait du conjoint ou de l’ex conjoint… 47 % !

Si ces idées sont encore aussi ancrées dans les esprits, c’est parce que l’on est encore imprégnés par ce que l’on appelle à juste titre la culture du viol. Ces arguments sont ceux invoqués par les violeurs pour atténuer leur responsabilité, qui est pourtant pleine et entière.

Comment sortir de cela ? Par l’éducation de nos enfants. Plutôt que de conditionner les filles à la pratique de l’évitement systématique censée les protéger (et qui ne sert strictement à rien ou à pas grand chose, sinon à en faire des femmes soumises une fois qu’elles ont atteint l’âge adulte), éduquons nos fils à respecter autrui, ne pas considérer les filles comme des produits de consommation, contrôler leurs désirs et/ou pulsions. Parce qu’affirmer qu’un homme « a des besoins irrépressibles, c’est insutant pour lui. Un homme est un être doué de raison, qui a son libre-arbitre et qui est civilisé. La majorité des hommes se conduisent avec courtoisie et civilité envers les femmes. Faisons en sorte que, demain, la minorité brutale et barbare se réduise encore plus, à défaut de disparaître. Et dans tous les cas, ne faisons jamais des victimes des coupables.