"Kim Netto", film réalisé par Jella Van Eck.

Rassembler à une femme ? Ils en rêvent. Mais pas n’importe laquelle : une super-femme. Sous le nom de rubber dolling, le fantasme des

"Kim Netto", film réalisé par Jella Van Eck.

Rassembler à une femme ? Ils en rêvent. Mais pas n’importe laquelle : une super-femme. Sous le nom de rubber dolling, le fantasme des hommes transformés en poupée se répand depuis quelques années sous l’impulsion de fabricants spécialisés dans les peaux de latex.

Parmi les travestis, il y en a qui visent l’au-delà de la femme. Ils veulent être une poupée. Ceux-là disposent depuis quelques années d’un moyen relativement efficace d’y parvenir : il existe sur Internet un nombre croissant de sites (Photogenic mask, Femskin, 2nd-Skin, Feminization.us, CreaFX, Roanyer, etc) offrant des peaux de rechange à l’achat.

Ce sont des peaux de femmes, reproduisant l’anatomie avec parfois un grand degré de précision. La culotte fournie avec vagin, par exemple, peut parfaitement permettre à celui qui la porte d’aller faire ses besoins dans les toilettes de femmes, sans avoir à se déculotter. Cette culotte pourra même lui permettre de contrefaire une pénétration vaginale et d’effectuer (pour de vrai) une pénétration anale. Ci-dessous la culotte Femskin, fournie avec les deux orifices.

Pour ce qui est des têtes, (disponibles en version masque ou cagoule), il y a les réalistes qui vous font ressembler à une sorte de love doll. On les appelle «real faces», parce que de loin le trompe l’œil est troublant.

Mais il y a aussi les têtes fantaisies, celles qui vous apparentent à des baudruches grandeur nature.

Les peaux sont livrées en différentes teintes, mais il est généralement possible d’y appliquer du maquillage. Pour ce qui est des corps, il y a les combinaisons intégrales oules versions fournies en pièces séparées. Le gilet en latex avec d’énormes seins (bonnet D, E, F ou G) par exemple (regardez la vidéo jusqu’au bout). Parfois la tête est vendue avec un buste muni de deux gros seins en silicone : idéal pour porter sous une robe décolletée.

Il y a aussi les peaux gonflables qui permettent de recréer artificiellement le galbe de hanches larges ou d’une paire de fesses féminines. Ces corps de poupée gonflable coûtent bien sûr beaucoup plus cher.

Il faut compter entre 300 et 4500 euros la pièce. Lorsqu’on demande aux adeptes la raison pour laquelle ils sont prêts à dépenser tant d’argent : «Quand on a 20 ans, c’est facile de se transformer en femme. Mais lorsqu’on se met à prendre de l’âge (et du poids)…» Pour la plupart d’entre eux, les peaux de latex sont le moyen le plus efficace de réparer l’outrage du temps. «En un clin d’œil», disent-ils, les voilà métamorphosés. L’effet produit par leur tenue est d’ailleurs tel que certains n’hésitent pas à sortir dans leur seconde peau, pour le pur plaisir de méduser les passants. «J’ai vu une poupée vivante».

Comme il s’agit d’un marché de niche, les fabricants ne peuvent pas –pour survivre– se contenter de vendre leurs produits. Ils doivent les exploiter sous la forme de vidéos ou de photos érotiques déployant les fantasmes de leurs clients sous des formes parfois loufoques. Le rubber dolling ne se réduit en effet pas aux accessoires. Il repose sur un ensemble de scénarios jouissifs impliquant tantôt des scènes «lesbiennes», tantôt des scènes SM avec une transformation non-consentie.

Le scénario dit lesbien se décline en deux versions : celui avec une «vraie» femme à laquelle, plus ou moins, le rubber doller se mesure. Compétition de féminité. Laquelle sera la plus lascive, la plus sensuelle, la plus apte à émerveiller ? Il y a aussi le scénario avec une autre «poupée» qui fait pencher la mise en scène du côté d’une sororité aux allures troublantes. Deux hommes travestis en poupée se caressent et se touchent… en faisant fi des catégories. Ni homo, ni hétéros. Les deux à la fois.

Le scénario SM, lui, repose sur l’idée d’une «erreur médicale». Un homme a été préparé pour une opération médicale et placé sous anesthésie dans le couloir d’attente, aux côtés d’une patiente destinée au service de mammoplastie. A la faveur d’un coup de vent, leurs feuilles de route sont échangées et voilà l’homme en salle de réveil, doté bien malgré lui d’une énorme paire de sein. Comment va-t-il réagir ?

Le fantasme de rubber dolling flirte avec le désir d’un changement corporel, mais ne correspond pas au sentiment d’une inadéquation entre ce que l’on est et ce que l’on aimerait être. Il s’agit plutôt d’une attirance poussée pour l’autre sexe, attirance sexuelle telle qu’elle pousse l’homme à vouloir «incarner» l’objet du désir. Les rubber dolls jouissent de se voir dans un miroir. Elles se dédoublent. Elles s’offrent à elles-mêmes et s’abandonnent dans un même mouvement. Les deux à la fois.

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Les images sont empruntées à Tanya sissy : http://taniasissy.tumblr.com/

L’image de tête est extraite d’un film, réalisé par Jella Van Eck, avec un des pères fondateurs du female masking : Kim Netto.