Clit Moi, c’est un petit avatar sous forme de clitoris sur ton téléphone, qui réagit en fonction des caresses que
Clit Moi, c’est un petit avatar sous forme de clitoris sur ton téléphone, qui réagit en fonction des caresses que tu lui fais avec ton doigt. Tu découvres de nouvelles “techniques” seulement si tu arrives à donner du plaisir au clito dans l’étape en cours. Une idée marketing assez ludique mais peu pédagogique.
Vous saurez tout sur le clito, ou pas !
L’idée de Clit Moi est donc de proposer à l’utilisateur de découvrir comment donner du plaisir en stimulant le clitoris d’une femme, en proposant plusieurs niveaux de jeu. Clit Moi s’utilise uniquement sur smartphone, car il faut caresser l’écran avec son doigt pour jouer avec le clitoris virtuel. Vous êtes donc convié.es à stimuler l’avatar-clitoris de différentes manières, pour apprendre à découvrir les différents mouvements que vous pouvez faire avec votre doigt pour donner du plaisir au clitoris.
Créé par l’ONF (Office National du Film du Canada), Clit Moi se présente comme un jeu mobile éducatif, créé pour pallier à ce qu’on appelle “orgasm gap” (fossé orgasmique), étayé par les chiffres suivants : lors d’une première relation sexuelle avec un nouveau partenaire, 62% des femmes hétérosexuelles auront un orgasme VS 85% des hommes hétérosexuels VS 75% des femmes lesbiennes. Face à cela, l’ONF essaie donc d’informer sur le plaisir sexuel des femmes.
On peut donc tapoter, pincer, caresser ou encore caresser avec plusieurs doigts le clitoris. Tant qu’on n’a pas réussi assez longtemps à le stimuler agréablement, on ne peut passer à l’étape suivante (personnellement, je suis restée bloquée à l’étape 5/6, pas compris du tout ce qui était attendu en termes de mouvements, donc je ne sais pas ce qui est présent à l’étape 6).
C’est certes ludique, mais il ne faut pas prendre ce type de jeu pour une règle absolue. Tout d’abord, chaque femme a un corps qui lui appartient et qui vit ses sensations différemment. Certaines vont aimer qu’on pince leur clitoris, d’autres préféreront des caresses, d’autres qu’on mette un doigt en même temps etc… et cela dépendra aussi de l’humeur, du partenaire, du jeu sexuel en cours, en somme de tout ce qui rend un acte sexuel unique. C’est une bonne chose de vouloir faire comprendre qu’il y a différentes manières de stimuler un clitoris, mais il ne faut surtout pas donner l’impression qu’il y six façons à suivre et puis c’est tout. Par ailleurs, parmi toutes les manières dont j’ai dû toucher l’écran pour stimuler le clito virtuel, aucune ne correspondait à la manière dont moi-même j’aime stimuler le mien. En faisant à la manière dont j’effectue ma masturbation, cela ne fonctionnait pas. Un mec ou une nana qui se baserait donc sur cette appli pour me donner du plaisir serait donc bien embêté.e !
Il est proposé au début du jeu de personnaliser physiquement son clitoris, mais le plus important serait de mettre en avant que la vraie différence n’est pas tant physique, qu’au niveau des stimuli. Par ailleurs, le clitoris réagit différemment en fonction de son état : s’il est déjà gonflé ou non par l’excitation, s’il vient de recevoir un cunnilingus, s’il est humidifié ou non, si la femme vient déjà de jouir ou non, s’il est caressé à travers un vêtement ou non… en fonction de tous ces éléments, il va être plus ou moins sensible, cela va être plus ou moins agréable d’être caressée. N’oublions pas qu’un clitoris trop stimulé ou mal stimulé peut même devenir douloureux ! C’est l’organe du plaisir mais ce n’est pas “open bar” n’importe comment et n’importe quand non plus.
Vive le clitoris, mais il n’y a pas que ça dans le plaisir féminin
C’est une excellente chose de parler du clitoris et c’est même indispensable pour comprendre le corps des femmes d’un point de vue génital, mais aussi pour aborder le plaisir sexuel. Des initiatives comme la création d’un clitoris 3D ou d’un film d’animation qui explique le tabou à ce sujet sont géniales et il y en a des tonnes d’autres qui émergent quotidiennement.
Cependant, il ne faut pas oublier que le plaisir féminin ne se réduit pas au clitoris, tout comme le plaisir masculin ne se réduit pas au pénis. Après avoir fait l’erreur monumentale de penser la sexualité de manière phallocentrée, ne faisons pas l’erreur de la penser clitori-centrée. De ce point de vue, l’excellent projet OMG Yes, où des femmes montrent sur leur propre vulve leurs techniques de masturbation, me semble bien plus intéressant, pédagogique et utile que Clit Moi.
La vulve entière a un rôle à jouer dans notre plaisir, les seins, l’anus, la bouche, les hanches, les fesses, les pieds, la nuque… bref tout notre corps, mais aussi notre état psychique influent dans le plaisir ressenti. Nous avons même parfois des zones érogènes insoupçonnées et étonnantes qu’on peut découvrir avec le temps. Heureusement d’ailleurs, car sur la question du clitoris, on ne peut oublier les femmes excisées (dont le clitoris a été mutilé). En 2016, le nombre de filles et femmes mutilées étaient de 200 millions de femmes selon les Nations Unies, dont environ 53 000 en France. Si elles sont privées de cet organe essentiel pour le plaisir, l’injonction au clitoris à tout prix, ne fait que stigmatiser et taire encore plus leur sexualité. En tant que femmes et féministes, nous avons donc aussi un engagement à ne pas réduire notre sexualité à ce seul organe, tout en n’oubliant pas d’insister sur son importance.
Nietzsche et Mme Bovary sont mes parents, Don Juan est mon premier amour. C'était mal barré. Les chiennes ne font pas les chattes.